Chanson douce – Leïla Slimani

product_9782070196678_195x320Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame.

Prix Goncourt 2016

Chanson douce n’est pas un livre apaisant comme son titre pourrait le suggérer. Dés la première page le lecteur est pris à la gorge, par une simple phrase. Le récit aura ce moment terrible comme point culminant, tout progressera vers ce destin affreux.

Myriam et Paul vont confier leurs enfants à Louise, une nounou réputée, recommandée par ses anciens employeurs. Tous saluent son dévouement, sa bonne humeur, sa simplicité… Louise souhaite plaire, elle a cet immense besoin de reconnaissance. Préparant des petits plats délicieux, nettoyant la maison alors qu’elle n’est pas embauchée comme femme de ménage, regorgeant d’activités ludiques pour les enfants Mila et Adam

Louise accompagnera le couple et les deux enfants en vacances en Grèce, comme un membre de la famille, apprenant à nager dans les eaux pures de la Méditerranée.

Cependant le livre par sa construction, nous a prévenu de la conclusion horrible. Ce qui se passera est toujours dans notre tête et nous guettons les signes avant coureur. La fatigue morale, le besoin de reconnaissance qui ne vient pas toujours, les conflits qui prennent de plus en plus de place. Louise change la vie de cette famille, mais reste toujours Louise, avec des gros troubles dus à son enfance et à l’éducation de sa fille Stéphanie qui lui a posé des problèmes.  

Le livre de Leïla Slimani nous  a profondément surpris. Nous ne ressentions pas d’empathie pour les personnages. Ni les parents, ni Louise. Le style littéraire, tout au passé de narration met une distance avec les évènements, comme si le lecteur était dans la position de la policière qui tente de comprendre et pour cela retourne dans le passé, interrogeant d’anciens employeurs ou des enfants élevés par Louise. Alors qu’un drame terrible se joue sous nos yeux, nous ne sommes pas plus traumatisés, nous ne terminons pas le livre en larmes, choqués. Nous terminons le livre en attendant la suite, espérant ressentir d’autres choses, les émotions des parents…

Vu que Leïla Slimani les a mis à distance, leur douleur n’est pas le sujet. Un roman très étrange qui a obtenu le prix Goncourt en 2016.